
C’est quoi ton genre ?
Paulette caisse à outils attend la sonnerie devant le portail de la Cité Scolaire
elle demande l’heure, « elle se prend un vent »
on la toise, on la moque, son genre c’est pas le leur !
Les caisses restent fermées
mais de quel genre on parle ?
genre le look ou le « sexe » ou l’ attirance sexuelle?
dans tous les cas, il est question d’apparence physique et de regard de l’autre .

A la 1ère récré, elle va à la rencontre des jeunes en mode reportage
appareil photo, enregistreurs c’est attirant, ça donne très vite de petits
attroupements « madame, madame on va passer à la télé ? »
elle les questionne d’abord sur leur identité
nom- prénom- date de naissance- lieu de naissance- sexe
les jeunes ont la sensation de se révéler
ce simple état civil les met dans tous leurs états
il y a comme une disproportion entre la simplicité des questions et l’effet que ça fait
en terminant par le mot sexe qui fait courir des ondes de frissons du sexe à la tête en passant par mes pieds et fait changer de couleur !
Les caisses sont entre-ouvertes
Paulette ne fait pas que prendre la parole aux jeunes, elle leur donne la parole.
Elle ne prend pas leur image mais elle se déplace pour qu’ils puissent se regarder autrement.
« Il voudraient être sûrs d’eux-mêmes, mais nous devons les aider à être sûrs d’être eux-mêmes » Alescendro d’Avenia L’art d’être fragile p 45
A la récré du jour d’après, elle est déjà populaire, « madame, madame il y a quoi dans ta caisse ? »
elle est plus « rentre-dedans » : « c’est quoi ton genre ? »
Les caisses à outils sont ouvertes, la question aussi mais…
C’est perso, privé
Ce n’est pas simple de répondre ou c’est trop évident
Ce n’est pas l’âge
C’est quoi cette question ?!
C’est teubé !
C’est le printemps
Ça force à se définir, à « se connaître » un peu
à parler de « amour » d’attirance, de sexualité
C’est prétexte à débattre avec humour et légèreté
Dans cette période de transformation physique et physiologique et les questions et la fragilité qui vont avec, c’est osé
mais ça fait du bien d’en parler
et avec Paulette, on ose
Pour aller dans ce sens Paulette caisse à outils joue le jeu de la transformation
« en direct live »
elle sort de la caisse à outils
elle prend son temps
elle se retourne comme un gant pour voir ce qui se dit à l’intérieur
au cœur du sujet

« On parle trop des adolescents mais on parle trop peut avec les adolescents »
Alescendro d’Avenia L’art d’être fragile p 45
Paulette se met à l’écoute et enclenche le dialogue
La parole des jeunes vient droit du corps
« L’alternative n’est pas entre doute et certitude mais entre liberté et esclavage. Il ne s’agit pas de semer des certitudes, mais d’encourager l’usage de la liberté dans la direction de ce qui est vrai, beau, et bon (…) »
L’art d’être fragile Alescendro d’Avenia p 47

Paulette caisse à outils rend la parole des jeunes – qu’elle leur a emprunté ! – sous forme de
« mots doux mini caisses à outils en papier cartonné collés aux murs
à ouvrir
en toute discrétion ou fausse désinvolture pour faire mine que « le sujet ne m’intéresse pas »
ou avec grande avidité parce que délibérément, c’est « mon sujet préféré » !
Les casques diffusent leurs propres mots
les mots n’ont pas de filtre
l’écoute est attentive dans le brouhaha de la récré
les mots cheminent dans l’esprit
le corps peut se poser un peu le temps de…

La parole circule du collège au lycée et dans tous les sens
Au sol des pochoirs « genrés » entremêlés font débat
des traces pour suivre la question dans le temps…
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